Nous ne vivrons plus jamais comme avant ; une Lapalissade !
Nous devrons repenser nos valeurs ; un lieu commun !
Les postes de travail seront remaniés, les logements aussi. Et les voyages ?
Mais ces changements, appelés de leurs vœux par certains et prédits par d’autres, à quoi vont-ils ressembler ?
N’y a-t-il qu’une seule direction à cette restructuration de nos modèles ?
Avoir le choix, donner son avis, est-ce désormais une notion obsolète ?
J’entends déjà ceux qui me répondront que la pandémie, le dérangement climatique, la surpopulation de certains endroits, et ceci et cela, font obstacle à la liberté de choisir, parce que si, dans un monde idéal, toutes les options sont ouvertes, dans notre vrai monde, tel n’est évidemment pas le cas.
Je ne suis pas naïve, je comprends que si dans mon monde idéal, je devrais pouvoir aller dans une gare et prendre un train pour n’importe quelle destination, sans égard pour le fait que notre planète comporte des océans, des montagnes infranchissables et de multiples lieux sans rails ni wagons, je sais aussi que le voyage est naturellement limité par l’endroit où se trouve la gare, la longueur des rails construites, la géographie du pays, le régime politique et les infrastructures, reflet de l’efficacité des gouvernements successifs. Toutefois, à l’intérieur de ces contraintes, je peux malgré tout décider d’aller dans différents lieux, en fonction de mes besoins ou de mes envies, en fonction des besoins et des envies de mes proches et de mes voisins, en fonction des besoins et des envies de mes compatriotes.
Si le train technologique est en marche depuis quelques décennies avec internet, les chats, les blogs, les plateformes en tout genre et les boîtes de dialogues qui nous permettent d’être connectés les uns aux autres en permanence, nous n’avons cependant jamais été aussi isolés.
Imaginez les Vikings se rendant chez les Saxons aujourd’hui. Il leur faudrait un test PCR, une double dose de vaccin, remplir un formulaire de départ, un formulaire d’entrée et se mettre en quarantaine à l’aller et au retour.
Les croisés sont allés à Jérusalem, comme les sœurs Coquet qui ont refait le chemin à cheval dans les années 70.
Hannibal a traversé les Alpes, sans parler des grands explorateurs.
Vous me direz que les Vikings et les Croisés n’avaient pas l’intention de passer des vacances dans leurs lieux de destination et ont conquis dans un bain de sang, changeant radicalement et pour toujours, dans la douleur, les us et coutumes des populations locales.
Et c’est bien tout le problème, car dans notre souci de nous protéger des autres, nous nous enfermons et devenons nos propres prisonniers.
Ne laissons pas cette pandémie devenir le prétexte qui nous manquait pour toujours plus exclure, parce que nous devenons aussi les exclus des autres.
Ne laissons pas la pandémie, ni aucune autre considération digne de la plus grande attention nous détourner d’un débat public libre et bienveillant, d’un débat où les idées en commun, tous bords confondus, nous permettront de faire jaillir les solutions qui garantiront le maintien de la seule valeur commune à laquelle nous pouvons tous nous rallier : la liberté.
Alors, à l’aube de nos grandes réflexions, rappelons-nous que la beauté de nos interactions ne peut se résumer à des chats et des réunions zoom.
Rappelons-nous que les voyages continuent à forger la jeunesse, et que manger indien ou chinois n’est pas de l’appropriation culturelle mais l’enrichissement que nous retirons de la fréquentation de nos semblables à travers le monde.
Photo by Pixabay
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