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Les pandémies favorisent-elles les changements de croyances ? par Xavier Comtesse, mathématicien

Dernière mise à jour : 2 mars 2021


De l’obscurantisme à la chrétienté, du religieux au scientifique, du savant à l’ingénieur, de la technique à l’algorithme … l’humanité semble passer d’une croyance à une autre. Sans jamais véritablement supprimer celles qui les précèdent, les croyances s’agglutinent les unes sur les autres en couches épaisses et successives laissant aujourd’hui présager un nouveau temps. Faute de simplicité, de clarté ou d’explication unificatrice la confusion semble régner. Les théories et les croyances s’entremêlent. Un âge « obscur » émerge entre la machine libre d’apprendre (déconfinement de l’intelligence) et l’homme isolé dans sa nature (confinement de l’esprit).

Essais d’interprétation :

1.- Les pestes du Moyen Âge ont favorisé le religieux

Avec l’incompréhension des masses face à ces terribles pestes, s’installe la croyance de « la main de Dieu » comme explication plausible. L’homme était puni pour ses péchés. L’église essaye alors d’établir son autorité. Les sorcières seront pourchassées, les païens aussi. Ainsi la peste accélèrera la mutation du monde obscurantiste, magique et féodal vers la religion chrétienne et ses structures d’encadrement. Le monde et les maladies s’expliquent : ils sont l’œuvre de Dieu !

2.- Le choléra et l’avènement des croyances scientifiques

C’est un bacille en forme de virgule, mis en évidence par le scientifique allemand Robert Koch en 1884 à Calcutta, qui est responsable des pandémies du choléra. Celles-ci étaient fréquentes en Asie et tout au long du 19e siècle en Europe et perdurent de nos jours surtout en Afrique. Le choléra c’est une histoire au cœur de la science médicale et de la recherche de traitement voire de vaccin. La rivalité scientifique entre Pasteur et Koch marquera l’avènement des croyances scientifiques auprès des populations. Les récits de l’aventure scientifique occupent alors la « une » des journaux. L’ère des grands savants est étroitement associée aux luttes contre les maladies et pandémies. Peste, méningite, typhoïde, paludisme, etc. vont faire parler d’elles et les populations vont croire à la force de la science. Darwin, qui est aussi de ce siècle-là, parachève la pensée évolutionniste. Une nouvelle idée du monde s’affirme : il évolue !

3.- La grippe espagnole : les médecins cèdent la place aux techniciens

Cette grippe tua entre 50 et 100 millions de personnes dans le monde de 1918 à 1920. Après les victoires médicales du siècle précédent, notamment la découverte des vaccins de la rage et de la tuberculose, le doute s’installe. Pas de remède miracle ! La science trébuche. Alors les médecins minimisent l’épidémie en la faisant passer pour une simple grippe saisonnière. Mais les trois vagues consécutives de la maladie vont faire que les médecins subiront plus celle-ci qu’ils seront capables de la guérir. L’approche technique va prendre le relais. Et dans les années 30, Ernest Goodpasture cultivera le virus de la grippe dans l’œuf de poule. Cette technique permit ensuite à Smith et Francis de créer, toujours aux USA, les premiers vaccins. L’approche technique – dans bien des domaines- semble plus efficace à résoudre les problèmes. Les chambres des malades sont envahies de toute sorte d’appareils de mesures et de traitement (notamment les chambres de soins intensifs). Ainsi la technique installe sa présence. On croit en la machine !

4.- La crise du coronavirus : les algorithmes prennent le pouvoir

On assiste à un nouveau tournant dans l'histoire de notre société. Face au Covid-19, sans aucun médicament, sans aucun vaccin, et surtout avec trop peu de matériels : test, protection ou ventilateur respiratoire, le corps médical est souvent bien seul face à la vague de ce tsunami viral. La globalisation est pointée du doigt comme responsable de la pénurie de matériel indispensable à la lutte contre le virus. Le confinement semble être une fois de plus le seul remède. Le télétravail, le télé-enseignement, la télémédecine font massivement leur apparition. Les plateformes Internet, les « Apps » mobiles, les logiciels de l’intelligence artificielle (IA) sont les grands gagnants de la crise sanitaire. En fait c’est la victoire des algorithmes qui ont défini les modèles mathématiques et dicté -en quelque sorte-la conduite de la gestion de la crise aux politiques. Ce sont encore les apps, qui vont tracer les « clusters » et les cas suspects pour enfin aider à la recherche de traitement et de vaccins. On dirait que c’est aujourd’hui le tour aux algorithmes !

Conclusion :

Plusieurs siècles de pandémies récurrentes ont favorisé l’évolution des croyances. Bien que ces dernières soient l’œuvre d’un ensemble important de facteurs, il semblerait qu’une catastrophe de type pandémique accélère l’avènement de la prochaine croyance « dominante ». Pour notre avenir, nous devrons composer avec l’IA et ses algorithmes. En effet pour analyser les masses de flux de données dont nous disposons à l’heure actuelle, seuls les algorithmes de l’IA peuvent le faire. L’homme a ainsi passé le témoin. La course de l’histoire se fera peut-être sans lui. Rien n’est encore joué bien sûr mais il n’est pas interdit de le penser tellement l’homme est emprunté face à l’émergence de l’IA. Ainsi si l’on regarde l’apport des algorithmes et de l’IA dans la gestion de la pandémie du Covid-19 notamment par les modèles mathématique, la recherche d’un vaccin et la traçabilité des cas suspect, cela montre bien que les instances dirigeantes des États ont confié la politique de gestion de crise aux algorithmes. Cela interroge !

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