Amnesty international dénonce l’utilisation par Facebook et Google de nos données à des fins de surveillance publicitaire.
L’ONG reproche à ces géants du web d’épier nos faits et gestes, de prioriser le contenu qui attise la haine pour continuer à engager les utilisateurs et les utilisatrices sur leurs réseaux et demande de bannir la surveillance à des fins publicitaires.
Ces géants du web ont compris bien avant tout le monde le pouvoir des données. Et ils en ont bien évidemment tiré avantage pour développer leurs modèles économiques et dominer la sphère numérique. Aucun état, aucun pouvoir législatif n’a vu venir cela. Et aujourd’hui, il est trop tard.
Nos modes de vie ont été massivement impacté par l’usage des réseaux sociaux, de notre sphère privée aux fondements mêmes de la démocratie.
L’usage des réseaux digitaux est gratuit. Nous les utilisons toutes et tous au quotidien. Ne serait-ce ad minima que pour faire une recherche sur un moteur de recherches.
À présent, pensez-y. Avant l’existence des réseaux sociaux, vous venait-il à l’esprit de montrer vos photos de vacances, de l’apéro que vous partagez entre amis en hurlant #bestlife, ou de vos enfants en les affichant sur la place publique ? Bien évidemment que non!
Aujourd’hui, le téléphone se fait mobile. À combien de discussions privées êtes-vous exposés dans les transports publics jusque dans la rue, lorsqu’un passant déambule en parlant à voix haute et forte avec son interlocuteur à l’autre bout du fil ? Il y a 20 ans, cela était impensable.
Nos habitudes de consommation et la manière dont nous réagissons ont complètement changé. La sphère privée, telle que nous l’avons vécue, a également évolué. Nous ne pouvons pas avoir naïvement partagé nos vies, notre intimité sur les réseaux digitaux, et ensuite dénoncer le fait d’être exploités par lesdits réseaux à des fins lucratives par la vente d’espaces publicitaires.
Des millions de jobs se sont créés grâce à ces réseaux. Pensons aux influenceurs. L’économie a bénéficié de tout l’écosystème numérique de ces géants. Ils ont permis de démocratiser la diffusion.
Là où je rejoins la démarche d’Amnesty international, c’est l’algorithme de distribution de ces réseaux qui est problématique. Une fois que vos intérêts sont identifiés, par le type de contenu que vous recherchez ou que vous aimez, l’algorithme vous distribuera du contenu similaire pour vous conforter dans votre bulle cognitive et faire en sorte que vous restiez le plus longtemps possible en ligne.
Nous connaissons les dérives que cela provoque. Les événements lors des dernières élections américaines en étant la parfaite manifestation.
Alors que faire, nous utilisateurs voraces de ces réseaux digitaux ? Se souvenir qu’internet est le pendant de la place publique. Que tous vos comportements peuvent avoir les mêmes conséquences que si vous les aviez en public.
Que tous vos faits et gestes sont traqués en permanence. Et que soit vous l’intégrez et vous surfez malins, soit vous subissez un système contre lequel il va être difficile d’agir. La réalité actuelle est que le pouvoir de surveillance est passé des mains publiques aux mains privées. La lutte est inégale et perdue d’avance au niveau politique et légal. C’est vous, et vous seuls qui détenez les rênes de votre destin numérique, en consommant de manière responsable.
L’urgence aujourd’hui, c’est de responsabiliser avant tout les jeunes générations à la citoyenneté numérique. Si nous avons intégré le monde numérique, eux y sont nés. Il faut leur donner les outils pour qu’ils puissent évoluer en restant maîtres face à l’algorithme.
Photo by Tracy Le Blanc
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