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Riding the Rainbow (version française) by Nigel Roth



Nous sommes à la toute fin des années 1900 et ce siècle, turbulent et novateur, touchait à sa fin.


Si vous vous intéressez un tant soit peu à la science de notre planète, vous aurez peut-être lu la première étude sur le climat mondial intitulée "On the Influence of Carbonic Acid in the Air upon the Temperature of the Ground", publiée dans le London, Edinburgh, and Dublin Philosophical Magazine and Journal of Science, par le scientifique suédois Savnate August Arrhenius.


La même année, en 1896, dans une vague région du territoire du Yukon, au nord-ouest de cette masse terrestre de dix millions de kilomètres carrés connue sous le nom de Canada, le sol n'avait jamais été aussi chaud.


Skookum Jim Mason, un homme décrit comme étant "droit comme un canon de fusil, puissamment bâti avec de fortes épaules inclinées, se rétrécissant vers la taille, comme une clé de voûte", portait une canne à pêche, un filet tissé et une bobine de fil. Il s'était levé tôt ce matin-là, vêtu de son jean délavé. Portant une vieille tente Strauss, il se promenait paisiblement avec espoir le long de la rivière Klondike.

Il n'était cependant pas le seul, car à ses côtés se trouvait la Kate, cette femme à qui l’on devait la ruée vers l'or du Klondike.


Quelques années plus tard, une aspirante artiste au passé mouvementé et dont la carrière n'avait jusqu'alors pas été très impressionnante, arriva également dans le Yukon, déguisée en garçon. Elle se dirigea vers la ville de Dawson où elle rejoignit la Savoy Theatrical Company, bercée de grands espoirs.


Cette Kate, Kate Rockwell, était originaire du Kansas. Elle avait grandi dans l’État de Washington et vécu à New York et dans le Dakota du Nord et était morte dans l'Oregon. Elle fit également œuvre de pionnière dans le domaine du divertissement dans ce lointain Yukon.


L'autre Kate, Kate Carmack, celle dont la découverte a amené l'actrice dans cette région désolée, est née près de Bennett Lake, à environ cinq jours de marche de Discovery Claim, où le 16 août, elle et son frère, Skookum Jim, et son mari George, ainsi que leur énigmatique neveu Dawson Charlie, se sont reposés sur les rives de la rivière Klondike, avant de pagayer dans les bas-fonds et de changer le cours de l'histoire.


Il n'y a cependant aucune trace de Rockwell allant pêcher. Sa vie a en fait débuté dans un grand manoir carré, avant que l'instabilité économique de l'époque et la stature déclinante de sa famille ne commencent à façonner les contours de la vie qu'elle allait mener et à colorer les aventures qu'elle allait vivre.


Comme beaucoup d'artistes et d'interprètes, elle était indépendante et rebelle, prête à essayer n'importe quoi, surtout si c'était illégal et difficile à trouver. Elle affichait un dédain pour l'éducation, ce qui aurait peut-être fait sourire un Mark Twain alors ruiné, tandis qu'il écrivait dans son pavillon tranquille, à six mille quatre cents quatre-vingt-quinze kilomètres de là, à l'autre bout de l'Amérique du Nord.


À un moment donné au cours de ces années de turbulence, Rockwell décida que la scène était sa vocation et se rendit à Whitehorse, la capitale et unique ville du Yukon, pour y travailler comme danseuse. La juxtaposition de son éducation aisée et de ses emplois prolétaires, ainsi que sa volonté de flirter et de révéler plus que ses mouvements de danse, ont sans doute contribué à son succès soudain et spectaculaire. Quoi qu'il en soit, elle devint si populaire qu'elle fut même surnommée Klondike Kate.


Elle dansait sur fond de touches de piano et de bouteilles qui s'entrechoquaient, de mineurs paillards et de femmes qui dépendaient de leur moindre dollar, et elle était le sujet de conversation de toute la ville.


Kate Carmack, en revanche, est née dans une famille très différente.


Son père était Kaachgaawáa, le chef du clan Tinglit Crow, semi-nomade, matrilinéaire et indigène du nord-ouest du Pacifique, et sa mère, Gus'dutéen, était du clan Tagish Wolf.


Après que son mari et sa fille sont morts de la grippe, apportée dans leur maison reculée par des meurtriers-explorateurs occidentaux omniprésents, Carmack déménagea dans la région de Forty Mile, où elle devint la femme de droit commun de George et prit son nom de famille, qu'elle ajouta à son nom occidental Kate.


C’est donc ainsi que cette famille se mit en route ce matin-là, le long de la rivière, juste pour pêcher, et chasser, et ne pas perturber l'équilibre subtil de l'environnement qu'ils habitaient.


Klondike Kate, de son côté, n'avait aucun scrupule à perturber les équilibres, surtout lorsqu'elle rencontra Alexander Pantages, un modeste barman dans leur ville d'adoption, Dawson City.


Ensemble, ils traversèrent la vie avec une intensité débridée et une passion pour l'illicite, un jour amoureux, le lendemain en compagnie d'escrocs et de tricheurs, tandis que les danses coquettes de Rockwell lui valaient davantage de gloire. Éternellement jaloux l'un de l'autre, ils vécurent les hauts et les bas d'un couple sans pareil, et leur relation prit fin lorsqu'il épousa une autre femme sans lui en parler. Elle demanda le divorcer avant de chercher du réconfort dans son métier.


Mme Carmack, dont le nom de naissance était Shaaw Tláa, n'avait aucun droit sur aucune terre, pas même sur la terre où ses ancêtres avaient vécu pendant des millénaires. C'est pourquoi ils décidèrent que George Carmack devait en être le découvreur.


Cela dit, elle non plus ne fut pas impressionnée lorsque son mari et sa nouvelle richesse la quittèrent, elle et sa fille, pour épouser Marguerite Laimee en secret, en 1900. Le nouveau couple partit pour la lointaine Washington, laissant Kate incapable de démontrer son droit à une pension alimentaire. Elle retourna donc dans son village, Carcross, pour poursuivre son propre métier, la confection de vêtements d'hiver pour les mineurs.


Deux ans plus tard, sentant que la ruée vers l'or touchait à sa fin, Klondike Kate prit la route vers le sud, dans l'Oregon, où elle travailla trois cents acres de terre pendant les cinq années requises, en robe de chambre, en chaussons de danse et en claquettes, et obtint la possibilité de revendiquer la propriété de ses terres. Elle tomba simultanément amoureuse du cow-boy Floyd Warner, qu'elle épousa.


De retour chez lui à Carcross, Skookum Jim Mason construisit une cabane pour sa sœur, dans laquelle elle vécut en paix pendant près de vingt ans.


Rockwell, elle, était fébrile, car vivre à Dawson au milieu de la plus grande ruée vers l'or de la planète n'était pas aussi excitant que de cultiver une parcelle de terre dans l'Oregon rural. Warner non plus, alors elle le quitta et épousa un mineur nommé John Matson, ce mariage ne dura pas non plus.


À la dérive dans un monde post-Klondike, Kate s'installe à Bend, où elle retrouva brièvement le statut de célébrité qu'elle avait autrefois, même si c’était parce qu’elle collectait désormais des fonds pour des organisations caritatives locales et que son surnom était passé de Klondike à Tante. Elle fit même une apparition, toujours visible, dans l'émission You Bet Your Life en 1954, animée par Julius Henry Marx, Groucho pour les intimes, et épousa un autre mari, William L. Van Duren.


Plutôt que d'amasser de l'argent, Carmack passa ses dernières années à élever des poulets et à cultiver la terre autour de sa cabane.


En fin de compte, la Kate qui a rendu la vie un peu plus intéressante aux mineurs ayant le mal du pays est morte en 1957, à Sweet Home, dans l'Oregon, peut-être le dernier véritable personnage de la ruée vers l'or du Klondike. Et la Kate qui a lancé toute l'aventure était déjà morte, avec des milliers d'autres personnes, dans l'épidémie de grippe de 1920, sans que l’on ne s'en souvienne.


Shaaw Tláa a trouvé l'or, et Kathleen Eloise Rockwell Warner Matson Van Duren a chevauché l'arc-en-ciel en son nom.


Photo by AG Z

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