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Rouge-Guerrier par Sylvaine Perret-Gentil

Dernière mise à jour : 2 mars 2021





Et si nous allions coloniser la planète rouge ?


Au plus court, selon la position des deux planètes, Mars est à 55 millions de kilomètres de la Terre. En 2020, il faut, au moins, 260 jours de voyage pour l’atteindre avec un changement d’orbite en route. L’atterrissage est périlleux en raison de la faible densité de l’atmosphère. Une fois sur place, la prochaine fenêtre de retour est de 500 jours, car il faut attendre que les deux planètes reviennent du même côté du Soleil. L’air sur Mars est toxique, 96% de dioxyde de carbone. Il y règne une température moyenne de -70 degrés Celsius. Et la planète subit de fortes radiations et d’infernales tempêtes de poussière qui peuvent bloquer le rayonnement solaire pendant des mois.


En résumé, Mars offre à peu près les conditions de vie que la Terre offrira quand les humains auront accompli leur œuvre destructrice. Voilà qui donne envie de tenter l’aventure, n’est-ce pas ?


Pourtant, certains y pensent très sérieusement, avec l’objectif que nous devenions « une espèce multi-planétaire » (Elon Musk) ou « une nouvelle branche de l’humanité » (Robert Zubrin). Les pionniers poseront les jalons d’une grande cité martienne pouvant accueillir jusqu’à un million d’âmes à la fin du siècle.

Technologiquement, le projet est réalisable !


On espère, avec la propulsion photonique notamment, réduire le voyage à quelques jours. Il faut un Deep Space Transport de 70 tonnes de charge utile. Ce vaisseau sera doté de systèmes de survie et d’un recyclage de l’eau et de l’oxygène extrêmement fiables et performants. On aura construit auparavant sur Mars une base entièrement pressurisée. On l’aura équipée d’une usine d’oxygène et de carburant au méthane, à partir de l’eau martienne et du dioxyde de carbone de l’atmosphère. On alimentera cette base en énergie avec un réacteur nucléaire. On créera de l’eau à partir des sulfates hydratés des sols. En plus d’une alimentation sous forme de produits lyophilisés, les cultures maraîchères seront possibles sur des matériaux synthétiques, grâce à des engrais, des lampes à UV et des systèmes d’humidification.


Les concepteurs de ce projet n’évoquent pas l’idée du progrès pour l’humanité qu’ils en attendent. Ils ne nous disent pas non plus ce que nous sommes supposés faire une fois que nous serons installés sur Mars, enfermés dans nos bases pressurisées.

Le fait que certains hommes envisagent de coloniser une autre planète, alors qu’ils se révèlent incapables de préserver celle qui leur apporte absolument tout ce dont ils ont besoin, paraît relever d’un orgueil incommensurable, mais surtout d’une ignorance profonde du sens de la vie sur Terre.


Est-ce dans un projet comme celui-là que l’humanité franchira un pas vers son unité et son élévation ? Il pourrait bien, au contraire, transgresser le Sacré de notre présence au monde et fâcher les Dieux !


Les Dieux des civilisations antiques trouvaient, presque toujours, leur origine dans les planètes, qui étaient considérées comme les symboles des puissances divines :

- Mésopotamie : la planète rouge se nommait Salbatanu. Son Dieu tutélaire était Nergal. Dieu du Soleil initialement, il est tombé en amour avec la Déesse des Enfers. Nergal était un présage de destructions, d’épidémie et de peste.

- Perse : La planète Mars était associée à Verethragna, un Dieu guerrier.

- Égypte : Mars portait le nom de Horus rouge. Elle était associée à Harmakhis, Dieu du Soleil, de l’aube et du crépuscule.

- Rome : Mars a donné son nom au Dieu de la guerre et, donc, au mois qui ouvrait la saison guerrière. On lui offrait dépouilles et butins après la victoire.

- Inde : Les corps célestes observables avaient chacun une influence. Dans l’astrologie védique, Mars occupe une large place. Les attributs de sa divinité, Karttikeya, étaient la guerre, la violence et l’ambition.

- Chine : Selon la mythologie Wuxing, la planète Mars, surnommée Ying Huo, l’astre de feu, était associée au sud et à l’été, mais elle était également un présage de fléaux, chagrins, guerres et meurtres.

- Chez les Mayas : Ch’ak-ah est la représentation graphique de la planète Mars, qui signifie « haché » ou « décapité ».


Ainsi toutes les grandes civilisations polythéistes des anciens temps avaient-elles nommé la planète rouge. Cela signifie que l’on savait que les planètes, y compris celle sur laquelle l’humanité avait vu le jour, faisaient partie d’un TOUT et qu’une forme de guidance pouvait venir de leur influence sur notre vie sur Terre.

N’est-il pas extraordinaire que pratiquement toutes ces civilisations aient associé Mars à une même énergie de combat et de mort ? D’aucuns rétorqueront que c’était juste à cause de sa couleur et que les anciens étaient des naïfs. Vraiment ? N’aurions-nous pas perdu, une forme de conscience de l’Univers, une forme de savoir, auquel les anciens avaient accès ?


Kepler, Copernic et Galilée ont fait entrer l’astronomie dans la science moderne. Depuis lors, on a créé les instruments permettant d’observer, photographier, visiter, disséquer les planètes. On sait tout sur elles, ou du moins le croit-on. Il ne s’agit finalement plus que d’un savoir unidimensionnel, réduit à la matière et à la compréhension de la mécanique des mouvements.


Plus la science s’est développée, plus les humains se sont exclus de l’Univers qu’ils observent. La science a tant rempli l’espace, que l’on a progressivement réduit notre regard aux choses que l’on peut maîtriser par notre cerveau uniquement. L’intellect est devenu le grand maître de notre pensée et conception de la vie. Les Écoles des Mystères ont disparu. Toute question métaphysique a été progressivement bannie. Tout ce qui relève du Sacré a été relégué aux oubliettes.


Qui sommes-nous et que sommes-nous venus faire ici ? N’avons-nous pas un destin commun ? Quel est-il ? N’y a-t-il pas un mystère de l’Univers auquel nous sommes liés, mais auquel nous ne nous intéressons plus ? Y aurait-il une part de nous-même, qui justement fait la spécificité de notre espèce, que nous devons nous réapproprier ?


Qui sait si, finalement, les 500 jours à s’ennuyer sur Mars n’apporteraient pas le temps de réflexion nécessaire pour nous retrouver…


Photo Nicolas Lobos

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